Le Râteau, bel outil des Ecrins
5 férus de jardinage pour cette sortie dans le parc national préféré des Isérois :
David, Denys, Greg, Julien et Martin
On oublie de suite les jeux de mots liés au refuge qui nous accueillera (rapport à l’équidé, soyons clairs). La « Selle » représentant, à nos yeux, un formidable vallon. Régal rétinien, il se veut sauvage et donc préservé.
Nous nous tournons alors vers ce fameux « Râteau« . Peur de se faire éconduire par une jolie alpiniste célibataire ? La crainte de se prendre une « pelle » sur ses magnifiques pentes enneigées ? Nous n’oserons pas, là non plus, le pari de quelconques traits d’esprit bien trop évidents.
Reste que ce sommet est marquant et nous a marqué !
Samedi 7 août 2021, 4 d’entre nous se retrouvent au parking situé au dessus de la commune de Saint-Christophe-en-Oisans. Martin, Denys et Greg font route commune depuis Grenoble, rejoints rapidement par David qui se sera permis de pratiquer la via ferrata de Saint-Christophe juste avant d’enchainer la montée au refuge de la Selle (le pauvre s’il savait ce qui nous attend ce week-end …). Nous cassons la croûte, accompagnés par Emmanuelle une amie Grenobloise (experte des tartes à la framboise), et nous nous engageons, à 13h20, gaiement dans ce vallon de la « Selle ».
Nous arrivons au refuge vers 15h50. 2h30 de montée, nous n’avons pas traîné ! Mais seul Martin, avec un sens inné de l’anticipation et après avoir accéléré, aura évité les grêlons qui s’abattront sur nous, juste sous le refuge.
On retrouve Julien, parti très tôt du parking qui, craintif de s’ennuyer, aura rendu visite au Dôme de la Lauze (3568 m) accessible en rando alpine depuis le refuge. La volonté de maximiser son week-end trouvant là son paroxysme !
Le refuge, niché à 2673m, est gardé par Noëmie. Elle et son équipe, nous réservent un excellent accueil ! Situé en face du massif du Soreiller, il se compose de 4 dortoirs, d’une terrasse et d’une salle commune où l’on trouve de nombreuses lectures variées (de « La zizanie » d’Astérix aux « Essais » de Montaigne, en passant par « Le loup » de Rochette et autres « montagne magazine ») et des jeux. Nous consommons, d’ailleurs, une bière locale (blonde et ambrée) en s’adonnant au Uno.
Le repas fut excellent et la nuitée également. De larges oreillers, des matelas confortables, on s’approche des standards helvétiques !
P’tit déjeuner à 3h30, avec des réveils échelonnés entre 3h00 et 3h25. Le départ s’effectuera, sous un ciel étoilé, à 4h20. Nous prenons pieds sur le glacier de la Selle à 5h45 et en profitons pour nous équiper. 2 cordées : Martin, David et Denys d’un côté, Julien et Greg de l’autre. Il nous faut 45 minutes pour atteindre le pied de la « brèche du Râteau« .
Ne connaissant pas le terrain, nous décidons de conserver nos crampons pour cette montée courte mais pas si évidente. Quelques pas de II/III à effectuer avec gants et crampons. Des relais permettent d’assurer son 2nd (et 3ème), avec des pierres instables sous les pieds et au final l’arête sud s’atteint par une petite langue de neige raide (sur 5m) pouvant s’éviter pour ceux privilégiant le rocher.
L’arête sud est un véritable bonheur pour les amoureux des courses d’arête rocheuse ! Certaines cordées resteront forcément sur le fil de l’arête, quand nous partons sur l’ouest (à sa gauche) de celle-ci et cheminons à travers son très bon rocher (nombreuses prises pour les mains, pour les pieds et on y trouve facilement des becquets).
Nous rejoindrons un temps le fil de l’arête avant de basculer dans sa face Est. Des (restes) de points rouges sont marqués légèrement sur le rocher. Ils semblent indiquer des directions. Libre à chacun de les suivre ou pas. Le cheminement sur cette arête pouvant se résumer à une question de bon sens. Et de plaisir. Ce fut le cas pour nous !
Une fois l’arête sud franchie, nous nous attaquons aux pentes de neige. Sous l’altitude 3400m, elles sont de suite raides mais le regel étant excellent (une fois n’est pas coutume !), celles-ci ne posent aucun problème technique. Les 2 cordées suivent un bon rythme, similaire, et progressent avec une constance certaine.
Jusque sous le sommet aucune difficulté n’est à noter. Seule les pentes semblant glissantes, nous entrainant ainsi vers l’ouest et le glacier de la Selle, quelques centaines de mètres plus bas, nous impressionnent. Ainsi que cette magnifique (ou monstrueuse selon) corniche vers 3600m.
Ce n’est qu’à 3700m que les premiers soucis apparaitront. Ceux-ci seront d’ordre physique. David ayant les pieds … en sang ! C’est sa 1ère course et la 2nde fois que ses pieds accueillent ses chaussures d’alpinisme. Il aura le grand mérite d’aller jusqu’au bout !!
Les 2 cordées s’étant séparées, d’une vingtaine de minutes, elles se croiseront sous le sommet. Celui-ci sera effectué partiellement. Il s’agit d’une arête étirée sur sa longueur culminant (sur – de 100 mètres) entre 3808 et 3809m. De la neige présente sur celle-ci et aucune protection n’étant possible, personne ne se risquera jusqu’au bout. La sensation du sommet est pourtant présente pour tout le monde !
La vue là-haut est fabuleuse. Les Ecrins se dévoilent dans leur quasi totalité : Pics de la Meige, Pic Gaspard, Grande Ruine, les Agneaux, Roche faurio, Barre et dôme des Ecrins, Pic sans nom, Ailefroide, Les Bans, les Rouies, … et le reste des Alpes !
L’heure est venue d’effectuer le chemin en sens inverse. La neige ne se transforme (quasiment) pas et l’arête sud est vite fait atteinte. Elle sera parcourue avec le même plaisir qu’à l’aller, crampons en moins cette fois ! L’itinéraire sur celle-ci étant légèrement bouleversé, au gré de notre humeur …
Ce n’est qu’à partir de la brèche que parviendront les premiers « couacs ». Ils se manifesteront par une cordée de 3 italiens, sympathiques au demeurant, qui se « testeront » sur les rappels. Ceux-ci (au nombre de 4) nous parurent, dès lors, interminables !
Nous arriverons tous les 5, au pied de la brèche à 14h20, nous repartirons avec rapidité vers le refuge qui … ne sert plus de repas après 16h !!
Julien en mode « warrior » (pas fatigué par ses 2 sommets du week-end) y arrivera à 15h30. Ses 4 comparses le rejoindront entre 10 et 15 minutes plus tard.
L’assiette de pâtes (assorties de tome des Bauges) sera l’un des plus succulents repas qui nous sera servi de l’année !! 12h30 après le p’tit déj, et après un effort conséquent, forcément notre organisme réclamait son dû !
Nous repartirons à 17h00 et rejoindrons le parking à 19h00 (un peu + tôt pour Julien et Martin).
L’apéro fut salutaire ! Et nous fera oublier toutes nos douleurs de l’instant ! Cela restera la version officielle …
Nous avons laissé de côté tous les jeux de mots possibles et inimaginables. Ce Râteau au dessus de la Selle reste une bien belle sortie et une magnifique course d’alpinisme !
On vous la conseille avec ce conseil :
Ni facile et encore moins une course d’initiation, il ne faut pas la sous-estimer. Elle reste une très belle course mixte pour alpinistes avertis.
Bonne découverte !