Le Toubkal (4167 m) – Maroc
4 gars qui veulent mêler montagne et exotisme :
Cyrille, Flavien, Jean et Julien (à l’origine du projet).
Le thé vert à la menthe remplacera le génépi lors de ce séjour. Mais visiblement ils l’ont bien vécu !
Flavien :
« Histoire d’une randonnée xxx
Brève ellipse avant d’évoquer ce magnifique projet : j’ai rencontré Julien à travers l’UCPA, un organisme sportif bien connu en France, qui rassemble de jeunes passionnés de sport. Nous nous sommes rencontrés en 2016 sur le stage Grand Paradis, et c’est au fur et à mesure de nos expériences suivantes que nous avons constitué un groupe de passionnés de montagne. Julien invita Cyril et Pierre, qu’il avait rencontrés sur le Xxx. Pour ma part je proposais à mon ami d’école d’ingénieur Jean de nous rejoindre.
La définition en chiffres du Toubkal, c’est, avec 4000m d’altitude, le plus haut sommet d’Afrique du nord. C’est aussi 3000m de dénivelé depuis Imlil, et une sacrée quantité d’énergie dépensée pour l’atteindre.
Il ne faut néanmoins pas oublier certains de ses attraits certes impalpables mais tout aussi essentiels pour nourrir ce projet d’ascension. Le Toubkal se situe dans la chaîne montagneuse de l’Atlas, une magnifique région, très différente par sa faune et sa flore des massifs auxquels nous sommes habitués en Europe. Si les hauteurs ont bien la couleur ocre attendue, les vallées trahissent à cette saison une végétation luxuriante qui nous a surpris. Il se caractérise également par un long héritage berbère, très présent au Maroc (80% de la population) mais au final peu visible dans les zones touristiques telles que Marrakech. »
« Jour 1, Arrivée à Marrakech
Décollage de Paris le DATE avec une idée en tête, mûrie avec mon ami Julien depuis quelques mois : faire l’ascension du Mont Toubkal.
Je retrouve l’équipe dans un hôtel près de l’aéroport de Marrakech. Enfin, près, c’est ce que je pensais avant d’avoir marché une heure avec mon sac de rando et une valise sur le bord de la nationale pour économiser le prix d’un taxi… Toujours est-il que je rejoins mes amis, nous discutons et nous assurons que notre guide Ahmed nous attend toujours le lendemain pour commencer l’ascension. Après avoir profité rapidement de la piscine de l’hôtel, nous nous dirigeons vers le centre-ville pour dîner et nous pavaner autour de la place El Efna, en bons touristes français. »
« Jour 2
Jeudi matin, comme prévu, nous rejoignons Imlil en début de matinée pour retrouver Ahmed et confirmer avec lui le programme. Tout ne commence pas du meilleur pied puisque nous tentons de négocier le prix de l’ascension, pratique très répandue dans le pays, et qu’il demeure inflexible. Le récent assassinat des deux scandinaves rendant impossible l’ascension en autonomie, et par respect pour le guide qui avait organisé l’ascension, nous décidons malgré tout de nous lancer dans l’aventure.
Nous déjeunons au domicile du guide, une belle maison aérée en bordure d’Imlil, puis nous commençons la marche d’approche. Celle-ci passe à travers divers postes de garde, qui nous imposent de montrer patte blanche. Assez rapidement nous commençons à croiser des berbères avec leurs mules, qui acheminent les vivres pour le refuge, mais surtout le matériel des touristes souhaitant s’offrir le luxe d’une randonnée à poids léger. Sur la marche d’approche, nous découvrons également de petites échoppes faites de bric et de broc, permettant de se désaltérer et de prendre des encas.
Techniquement, l’approche est accessible à tout randonneur en bonne forme car la pente est légère et constante. Au terme de 4h de marche, et contrairement au reste de mon équipe, je parviens toutefois difficilement à atteindre le refuge. Ayant négligé mon alimentation les jours précédents, je me maudis milles fois et me promets de ne plus jamais réaliser d’effort de ce type sans avoir le ventre plein. Pour ne rien arranger, je tombe malade à mon arrivée au refuge et suis cloué au lit. »
« jour 3
Il est 4h du matin, Julien, Cyril et Jean changent leur programme et partent faire l’ascension du Ouanoukrim, réputé plus difficile techniquement que le Toubkal. L’idée étant de reporter ce dernier au lendemain, pour que je prenne le temps de guérir et de reprendre des forces. Pierre, qui n’était pas au meilleur de sa forme non plus, décide de rester avec moi. Au terme d’une grasse matinée, nous partons randonner vers le col Tizi n’ Ouagane, a mi-chemin de la marche d’approche du Ouanakrim. Je me sens à nouveau en pleine forme.
Nous croisons Julien, Cyril et Jean qui redescendent après avoir gravi le sommet avec succès. Ils nous déconseillent de monter jusqu’au col, car il est déjà midi. La neige est fondue et glissante. Julien et Cyril, qui se sentent en forme pour continuer à grimper, m’accompagnent sur un autre col, le Tizi n’ Ouanoums, tandis que Jean et Pierre, davantage éprouvés, repartent avec Ahmed au refuge.
Nous montons vraiment vite au col, et je suis impressionné par l’énergie de Julien et Cyril, qui semblent presque courir après avoir déjà avalé près de 1500m de dénivelé positif quelques heures plus tôt. Arrivé au col, nous prenons quelques photos (Julien adore ça), et profitons de la vue dégagée sur la vallée adjacente. La redescente se fait encore plus rapidement que la montée, nous glissons sur la neige en chaussures ou sur les fesses pour accélérer.
A l’arrivée au refuge, Pierre, qui ne se sent toujours pas mieux, et pour d’autres raisons personnelles, redescend vers Imlil. Nous passons le restant de la journée à chercher le pull de Jean, qui demeure introuvable malgré notre bonne volonté. Jean appréhende car sans celui-ci il risque d’avoir froid pour l’ascension du lendemain. Finalement, c’est le gardien du refuge qui le retrouve et le lui rend. Le dîner avec Ahmed est l’occasion d’entrer dans des discussions presque philosophiques sur les religions, et de partager nos visions apparemment différentes du sujet. C’est un sujet qui passionne Ahmed et Jean, qui en parlent avec fougue. »
« Jour 4
Levé et petit-déjeuner matinal, sitôt sortis du refuge, Ahmed laisse Julien et Cyril partir en tête et évoluer à notre rythme. Quant à Jean et moi, nous suivons le guide. Nous avançons à un bon rythme, et dépassons plusieurs cordées, notamment un groupe d’une vingtaine d’espagnols qui ne manque pas se faire remarquer en chantant et claironnant à chaque virage. Crampons aux pieds, leurs pas ne semblent pas très assurés et on voit bien que ce sont des amateurs. Seule la première moitié nécessite les crampons, la suite se fait sur rocher mais il n’y a pas d’escalade à proprement parler. Dans l’ensemble l’ascension ne me paraît pas si difficile mais elle est beaucoup plus longue que je me l’imaginais. Arrivés au sommet, nous prenons des dizaines de photos sur tous les versants de la montagne, et Ahmed nous raconte comment un avion s’est écrasé des années plus tôt sur un col en contrebas. »
« la descente
Descente rapide au refuge, pour faire un rapide ravitaillement et récupérer nos affaires. Julien prend du temps à bien ranger son sac, et Ahmed nous gronde dehors parce que nous sommes en retard. Jean et Cyril sont déjà partis, et nous courrons jusqu’au check point à vitesse grand V pour les rejoindre. Le déjeuner improvisé est très bon mais un peu épicé. C’est l’occasion de faire connaissance avec un des militaires du poste de garde, dont le frère s’est engagé dans la Marine en France.
On enchaîne sur les 1000m de dénivelés restants, en tentant tant bien que mal de contourner les mules qui prennent toute la place sur ces sentiers étroits. A l’approche d’Imlil, nous prenons quelques goutes puis carrément la pluie. Nous bifurquons sur un itinéraire bien connu d’Ahmed et des villageois mais pas des randonneurs, et cela nous permet de découvrir des paysages radicalement différents. On aurait dit un oasis de verdure luxuriante, perdu dans un désert de poussière ocre. Étrangement, Jean qui avait été solide sur toute la montée, flanche sur la fin de la descente. Nous lui proposons de lui porter son sac en rigolant, mais cela ne le fait pas rire autant que nous.
Arrives à Imlil, nous faisons nos adieux à Ahmed, et il nous avoue qu’il n’a jamais vécu pareils rebondissements avec aucun groupe qu’il a guidé auparavant. Nous ne savons pas comment le prendre, mais terminons tout de même par des accolades et des au revoir chaleureux. Le retour sur Marrakech se fait sans encombre et nous nous lançons sur un dernier restaurant de la place El Efna avant notre retour en France. »
Flavien