Argentière, au pays de l’or blanc
2 mecs qui aiment que les choses soient simples dans la vie :
Greg et Sam
Dans cette quête d’épuration des complications, nous estimons qu’Argentière, un seul mot, c’est simple. Partir du village d’Argentière, parcourir le glacier d’Argentière, passer la nuit au refuge d’Argentière et – enfin – gravir l’aiguille d’Argentière. Oui, c’est simple.
Enfin ça l’est … sur le papier ! Un peu moins dans les faits.
Rendez-vous, pour les 2 comparses, au village du Tour (commune d’Argentière) vendredi soir. Nous retrouvons ce bivouac très pratique pour la 4ème année d’affilée. Il se situe juste après le chalet alpin du Tour.
Lever vers 7h30 (oui lever, le réveil fut plus précoce, ça reste du bivouac à presque 1500m d’altitude) ce samedi 10 juillet 2021, p’tit déj et départ vers Argentière. Arrêt minute dans le centre pour des courses servant au pic-nic du jour et un passage à la pharmacie pour Greg (le 2nd vaccin CoVid ayant laissé des traces …). Nous prenons les télécabines de Plan-Joran (*) vers 10h00.
(*) Le téléphérique des Grands Montets est fermé et n’ouvrira que l’année prochaine (2022). Normalement c’est celui-ci qui est censé être pris avec un arrêt à la gare intermédiaire de Lognan.
Le sentier, depuis la gare d’arrivée des télécabines (2135 m), est long. Il enchaine montées et descentes, jusqu’au pied du glacier d’Argentière. Celui-ci, bien que connaissant le traditionnel et triste recul des glaciers alpins, reste magnifique (il arbore un visage bien moins triste que la Mer de glace par exemple).
Après une bonne montée, qui testera notre cardio, nous redescendons quelques dizaines de mètres et prenons pieds sur le glacier. Il est entièrement recouvert de neige dans cette zone. Celle-ci étant déjà transformée (fin de matinée), les crampons sont inutiles.
Nous arrivons sous les « échelles », passage obligé pour éviter le secteur ultra-crevassé du glacier. Les échelles sont moins un problème que les passages équipés de chaînes et de cale-pieds avec l’eau ruisselant sur ceux-ci. Il faut toujours rester concentré pour évoluer sereinement sur ce type de parcours.
La principale difficulté réside dans la redescente sur le glacier. La pente de neige est très raide et n’autorise pas de « glissade » ! Une corde fixe est en place. Celle-ci est très (trop) élastique.
Nous pique-niquons sous le soleil et profitons du paysage époustouflant qui s’offre à nos yeux.
Le ventre rempli, nous reprenons notre route et traversons, en rive gauche, une courte (sur la carte !) partie de ce très long glacier d’Argentière. Nous sommes hors zone crevassée, il fait bon, le ciel est dégagé, et nous apercevons enfin le refuge. Il nous faut traverser, dans sa largeur, le glacier et attaquer la montée de la moraine.
Nous arrivons au refuge d’Argentière vers 15h00. Niché à 2771 m, il offre une vue exceptionnelle sur tout le cirque glaciaire et un panorama splendide sur des faces nord très réputées des Alpes. Celles des Courtes, des Droites et de l’aiguille verte.
Béa et Fred (et Sergio, le chat !) sont les gardiens de ce refuge. Ils assurent un accueil et un service des plus chaleureux ! Cet abri – le seul de tout le bassin – est très fréquenté l’hiver, par les pratiquants du ski de randonnée. L’été, on y vient pour profiter des grandes voies situées au dessus du refuge et/ou sur les falaises jouxtant le glacier du milieu, l’alpinisme y occupe également une place importante (aiguille d’Argentière et ses nombreuses voies d’accès, col du Tour noir, …).
Lever / p’tit déj’ à 4h00. Départ à 4h35. Il a plu pendant la nuit mais la température est des plus clémentes en cette heure bien matinale. Le sentier est aisément repérable, car bien tracé, depuis le refuge (balisage jaune). 2 névés tardifs, sur la fin du sentier, nous facilitent l’accès au bas du glacier. Nous nous équipons et nous encordons vers 2900 m.
Des nuages de fond de vallée viennent nous rejoindre pendant quelques minutes, puis c’est le vent qui vient nous surprendre et nous fait perdre quelques degrés. Jusqu’à l’altitude de 3500 m, la progression ne rencontre aucune difficulté. Malgré que le regel ait été très médiocre, les crevasses sont en effet bouchées. Le principal obstacle étant physique avec cette pente continuellement soutenue.
De soutenue, la pente devient raide, une fois la rimaye passée. De 3500 à 3900 m, les 400 derniers mètres de dénivelé ne sont pas de tout repos ! 2 pentes de neige raides sont séparées par un couloir étroit à 45°. Aucune protection n’est possible et la chute n’est pas permise. Heureusement celle-ci n’interviendra pour aucune des 9 cordées qui auront tentées le sommet ce dimanche 11 juillet 2021 !
Le sommet est atteint à 8h30, 4 heures après notre départ du refuge. Inutile de préciser que la vue depuis celui-ci est phénoménale ! Ci-dessous, les sommets (principaux) visibles en 360° depuis le sommet de l’aiguille d’Argentière. En commençant par les incontournables du massif du Mont-blanc puis en se tournant sur sa droite :
Il ne fait guère chaud là-haut et nous avons en tête que la dernière benne part à 16h30, il nous faut redescendre. En raison de cette pente bien raide, nous utilisons notre 2ème piolet technique afin de progresser aisément en désescalade. Nous arriverons rapidement en dessous de la rimaye sans s’être fait une seule frayeur. Ouf !
Il commence à faire chaud, une fois que le soleil parvient à nous atteindre, et sommes heureux de se déséquiper / désencorder au même point qu’à la montée (2900 m).
Retour au refuge à 11h25. Fred va nous concocter de succulentes omelettes maisons (avec du Reblochon !), histoire de nous requinquer.
Nous quittons les lieux à 12h45. La descente sera pénible en raison de la chaleur sur le glacier. Heureusement, tout se passera sans encombre, si ce n’est une chute de pierres bien impressionnante juste à la sortie des « échelles ». Egales ou inférieures à 30 cm de diamètre mais lancées à toute vitesse depuis les hauteurs du surplomb rocheux, elles auraient pu faire de sacrés dégâts ! Elles tomberont à moins d’un mètre de nous mais pas sur nous, ouffffff !
Le reste ne fut qu’une longue, très longue randonnée, agréable en temps normal, pénible après + de 10 heures de marche et dans une atmosphère devenue étouffante. Elle s’effectuera au milieu des nombreux touristes venus profiter de la météo estivale et du cadre exceptionnel qu’offrent les remontées mécaniques du secteur.
Enfin, nous arrivons aux télécabines de Plan Joran à 15h45. Retour à Argentière dans la foulée. La bière restée dans la fraicheur du coffre de Sam est la bienvenue ! Nous repartirons vers nos domiciles vaudois et isérois avant 17h00.
Sortie qui s’est décidée sur le tard, Un 2nd vaccin qui est mal passé (pour 50% du binôme), un but rencontré en 2018 sur le même parcours (neige vitrifiée fin juillet). Mais …
… au final, ce fut une bien belle sortie !! Une classique du massif du Mont-blanc réalisée dans de très bonnes conditions !