Dufour à la fournaise, il n’y a qu’une pointe !
4 garçons, qui seront bientôt dans le vent, désireux de savoir si on peut avoir chaud sur un glacier à plus de 4000 mètres d’altitude début septembre :
Denys, Greg, Julien et Sam
Pour répondre à cette question – que l’on devine existentielle – rien de mieux qu’un périple dans le massif du Mont-Rose côté Suisse avec l’ascension de la Pointe Dufour ( 4634 m ), le 2nd plus haut sommet des Alpes après le Mont Blanc :
Sa première ascension remonte au 1er août 1855 mais n’a aucun lien avec l’actuelle Fête nationale suisse qui ne fut célébrée pour la première fois qu’en 1891. Depuis, la pointe Dufour est considérée comme un sommet emblématique des Alpes, apprécié par les alpinistes expérimentés.
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Initialement, ce sommet portait le nom de Höchste Spitze (littéralement « point culminant » en allemand). Il acquiert son nom actuel à la suite d’une décision du Conseil fédéral du 28 janvier 1863. Ce nom est donné en l’honneur de Guillaume Henri Dufour, général de l’Armée suisse durant la guerre du Sonderbund et père de la carte topographique de la Suisse : la carte Dufour
Guillaume Henri Dufour, né le 15 septembre 1787 à Constance (Archiduché d’Autriche) et mort le 14 juillet 1875 aux Eaux-Vives (Suisse), est un général, ingénieur, cartographe et homme politique suisse. Il est la figure principale de la victoire sur le Sonderbund, guerre qui a joué un rôle clé dans l’émergence de la Suisse moderne.
Il est aussi l’auteur de la première carte de la Suisse à relevé topographique précis, nommée carte Dufour, le cofondateur avec Henri Dunant (Gustave Moynier, Théodore Maunoir et Louis Appia) de la Croix-Rouge internationale et l’un des directeurs de l’École militaire centrale fédérale de Thoune. Personnage majeur de l’histoire suisse, il donne notamment son nom à la pointe Dufour, le plus haut sommet de Suisse, qui culmine à une altitude de 4 634 m.
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Rendez-vous le vendredi 1er septembre 2023 à Martigny (à notre habituel et mythique parking du Mac Do, l’un des rares gratuits dans toute la Suisse 😅) à 08h00. Nous voyageons à 4 et une seule voiture, afin de limiter notre emprunte carbone (et les frais de route !) et arrivons à Täsch vers 9h30. Après s’être stationnés au parking de la gare, nous empruntons le shuttle « Täsch – Zermatt » de 10h00. Train qui effectue la navette plusieurs fois dans la journée. Enfin, nous aurions « du » prendre le shuttle. Nous avons, malgré nous, pris la liaison classique de la CFF (Chemins de Fer Fédéraux, la SNCF Suisse !) et le contrôleur, qui nous l’a fait remarquer, a été très arrangeant. (Car les amendes en Suisse …😱)
12 minutes de trajet seulement, nous débarquons à Zermatt et enchainons rapidement (les 2 gares étant distantes de moins de 100m) en prenant le train du Gornergrat de 10h24. 1605 m au départ, 30 minutes de trajet, nous sortons du train à l’arrêt « Rotebenboden » à 2815 m. Le terminus de ce train étant le Gornergrat à 3090 m (en savoir + sur le Gornergrat). Si nous sommes, comme tous les touristes présents, estomaqués par la vue fantastique qui s’offre à nous, c’est la star locale qui retient en 1er lieu toute notre attention : sa majesté le Cervin (Matterhorn dans ce coin des Alpes) !
Nous ne nous attardons pas (il est annoncé 4h30 pour atteindre le refuge Monte Rosa), mettons nos (lourds) sacs sur notre dos et entamons le trajet. Nous empruntons le sentier dit « panoramique », qui porte bien son nom. En descente pour l’aller, il offre une balade magnifique, sans aucune difficulté (que ce soit techniquement ou physiquement), au dessus du Gornergletscher (glacier) avec une vue imprenable sur les « 4000 » environnants. Au bout de ce sentier, vers 12h30, nous effectuons notre pause pic-nic dans un cadre exceptionnel.
Après cette pause bien sympathique, que ce soit pour nos estomacs autant que pour nos rétines, nous reprenons notre route. La décision est prise d’emprunter le nouveau sentier d’accès au refuge. Il est « annoncé » plus pratique que l’ancien (passant par le bas du glacier) et « légèrement » plus court. On peut le décomposer en 2 parties distinctes :
La 1ère consiste à prendre pieds sur le haut du Gornergletscher vers 2650 m. Une pente (Est/Sud-Est) bien raide dans une neige molle, ne nécessitant pas de sortir nos crampons, nous attend dans un 1er temps. Celle-ci est bien exténuante car gravie sous un soleil de plomb, réverbéré par la neige. Neige étonnamment omniprésente en cette fin d’été, due aux précipitations de la fin aout 2023.
Puis la trace part au sud vers 2900 m et devient horizontale. Nous longeons, dans leur longueur, les très nombreuses crevasses. Pas d’encordement, les ponts de neige à traverser étant solides et la chute impossible à enrayer dans cette orientation (progression parallèle à la crevasse).
La 2nde partie, après avoir dépassé tous les autres groupes se rendant au refuge, pourrait être qualifiée de « casse-pattes ». On ne peut en effet jamais « dérouler » sur ce sentier. Sentier qui n’en est pas vraiment un d’ailleurs. On serpente de rocher en rocher, on suit les traces bleues et blanches, on descend sur quelques mètres puis on remonte ces derniers. Le refuge semble de + en + proche sans l’être vraiment. Sensation qui s’avère rapidement frustrante. C’est ainsi que nous sommes ravis d’arriver – enfin – à notre point de destination vers 15h15 !
Arriver tôt au refuge permet de se poser, de profiter de celui-ci et des plaisirs qu’il peut offrir (que ce soit pour notre savoir, nos yeux ou notre soif). Le refuge Monte-Rosa est réputé comme le plus moderne des Alpes (voir du monde).
La cabane du Mont-Rose, également appelée la cabane Bétemps, est un refuge de montagne du Club alpin suisse situé à 2 882 m d’altitude dans le canton du Valais.
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Il comporte 120 places. Le 1er refuge a été créé en 1895 et totalement reconstruit en 1940.
Un nouveau bâtiment a été construit et inauguré en 2009. Le projet de construction a été élaboré par l’École polytechnique fédérale de Zurich en collaboration avec le Club alpin suisse.
Le refuge est propre presque trop propre, on a « peur » de salir partout où l’on passe (Swiss Touch !). Il est autonome en énergie (il y a même un lavage automatique pour l’extérieur !). Le personnel y est vraiment sympa, répondant à toutes les demandes. Le repas et toutes les prestations en général sont de qualité. 👍 Globalement cette organisation est impressionnante à voir ! Repas à 18h30 (très bon) puis le rituel traditionnel précédant une course de haute montagne. Même si cela (conditions d’hébergement) ne respire pas vraiment l’authenticité, ce confort reste très appréciable ! 😋
Lever à 2h55 pour se rendre au p’tit déj dans les temp. Il y a du monde dans le réfectoire à cette heure bien matinale. Nous ne serons pas seuls à tenter l’ascension aujourd’hui ! Nous voulions démarrer vers 3h45, le départ à 2885 m se fera avec quelques minutes de retard. Le vestiaire est rempli d’alpinistes se préparant ! Les frontales se suivent à la sortie du refuge dans la nuit valaisanne et rapidement les écarts se feront. Pas plus mal, il n’est pas très agréable d’être à la queue leu-leu en (haute-)montagne ! La neige a rendu le sentier d’approche plus complexe que prévu.
A 3300 m nous arrivons sur le monterosagletscher (glestscher signifiant toujours glacier 😉), nous sortons nos crampons et nous nous encordons. Afin de ne pas prendre de risque sur ce glacier ultra-crevassé, nous ne faisons qu’une seule cordée de 4. Greg en tête, qui va devoir choisir entre différentes traces dans la nuit. Une – étonnamment – nous voit descendre. Point d’erreur ! Elle nous permet d’éviter de grosses crevasses avant de reprendre l’ascension.
Avant de trouver l’arête Ouest de la Pointe Dufour, le cheminement est long et lent. Les pentes ne sont pas raides et ne permettent pas une progression efficace. De plus il fait très froid. 3800, 3900, 4000, … dans un monde glaciaire récemment recouvert d’une neige fraiche nous ressentons un froid vif. Nos pieds ne reçoivent plus d’afflux sanguin ainsi que (beaucoup plus gênant) nos mains. Pour certains il s’agit du syndrome de Raynaud.
Denys est désormais devant et nous atteignons le « Sattel » le col (4356m) sous l’arête ouest vers 8h15. Fin de la « rando glaciaire » et début de l’ascension « technique ». Une belle et raide pente de neige pour commencer jusqu’à 4500 m puis l’arête devient horizontale et mixte. La neige récemment tombée sur ce rocher a rendu la progression moins évidente. On ne se protège que par des béquets en rocher. Rien de très difficile ceci-dit mais la sensation de vide peut impressionner ! (D’ailleurs aucune photo/vidéo ne sera prise dans cette traversée !). Il reste ensuite, à l’altitude 4500 m une très raide pente de neige, bien que facile étant tracée et en bonne neige, qui nous fait dépasser les 4600 m.
Nous sommes à 4606 m , 28 m sous le sommet donc. Cela marque la fin de la course pour Denys rejoint ensuite par Greg. Le 1er dont c’est le 1er « 4000 » (et quel 4000 !) est rattrapé par l’acclimatation. Le 2nd sent son souffle court et ne veut pas prendre de risque (pour lui et les personnes sur sa corde). Julien et Sam vont tenter de terminer les derniers mètres. Ils s’arrêteront rapidement. Sam d’abord voyant la « foule » patienter avant de tenter le sommet, rebroussera chemin et rejoindra Denys et Greg pour la descente. Julien lui devait trouver une nouvelle cordée pour finir la course mais il ne trouvera pas d’écho favorable à sa requête. Ne voulant pas finir en « solo », les derniers pas étant très techniques et exposés, en toute intelligence il fera machine arrière. Il retrouvera ses compagnons plus bas.
La vue là-haut reste cependant extraordinaire. Les 4000 du massif du Mont-rose (Zummstein, Signalkuppe, Parrotspitze) , les Lyskamm, le Mont Blanc, le Cervin, la Dent Blanche, le zinalrothorn, le Weisshorn, le Dom des Mischabel, le Täschhorn, l’Alphubel, la Nordend … Le graal des Alpes en somme !
Vers 10h30, nous entamons une descente qui s’annonce longue. Nous profitons encore plus des vues qu’à la montée (étant moins dans l’effort) mais devons rester concentrés sur l’arête Ouest. Celle-ci ne permettant aucune erreur. La neige se transforme petit à petit mais reste praticable voir, très clairement, agréable. Une fois sous le « Sattel » ce col de l’arête Ouest et sa rimaye franchie nous laissons derrière nous les difficultés techniques.
Nous pouvons ranger le piolet et enlever certaines couches.
Ce retour vers le refuge Monte-Rosa sera très long, ça nous le savions, mais nous aurons enfin la réponse à notre question :
« Oui il peut faire très très très très très très chaud sur un glacier à + de 4000 m en septembre ! ». Il n’est pas possible d’évoluer en bermuda et torse nu mais … l’envie est là ! Nous suffoquerons comme rarement.
Lorsque nous éviterons les crevasses (quelques pas dans des trous de neige cependant), arriverons à la sortie du glacier et pourrons nous déséquiper (en enlevant baudrier, crampons et casque), nous pensons avoir fait le + dur. Ce sera mésestimer le sentier de retour au refuge entre neige et dalles. 😕 Je préfère ne pas parler de notre état d’esprit à ce moment là ! 😂
Nous arriverons au refuge à 15h00. Soulagés ! Nous posons notre matériel, nous nous changeons et commençons à « profiter » ! Bière, bière, vin lors de notre repas … On finit la soirée en jouant au Ligretto (jeu allemand) puis au Uno. Greg fait un coup de Trafalgar à Denys lors de la dernière partie puis fin de soirée arrosée de génépi ! la nuit sera marquée par le vol lamentable de l’oreiller de Sam par une (pourtant) charmante suisse-allemande dans notre dortoir ! Nous vivons dans un monde terrible où il n’y a plus de respect. Fort heureusement Sam, avec beaucoup de courage, a réussi à se passer d’oreiller !
Le petit déjeuner du Jour 3 ne sera pris qu’à 7h00 ! Quel luxe ! Une quasi grasse matinée en haute montagne. Nous prendrons notre temps et ne quitterons le refuge qu’à 8h00. La décision « collégiale » ou presque sera prise d’emprunter l’ancien sentier, comme beaucoup d’autres personnes. Ce choix s’avérera judicieux. Le sentier est plus direct, plus « roulant ». Nous arrivons rapidement sur le Gornergletscher après être passé à proximité du Gornersee (lac à 2598 m). Nous pouvons apprécier ce glacier de près et le comparer à nos glaciers nationaux (Mer de glace, glacier d’Argentière, glacier Blanc). La comparaison fait mal ! 😟
Après avoir remonté une dalle rocheuse au dessus du glacier et rechaussé les crampons sur une courte pente de glace, les difficultés étant passées (celles-ci étant réellement légères à conditions d’avoir une expérience haute montagne), si on excepte des échelles bien « gentillettes », nous sommes passés en mode « rando ».
A l’unanimité nous avons trouvé l’ancien sentier beaucoup + simple, + roulant, que le nouveau. Maintenant à voir avec d’autres conditions. Cet avis ne valant que dans celles de ce début septembre 2023.
Nous retrouverons le « Rotenboden » vers 11h20 et prendrons le train vers Zermatt à 11h36.
Pause déjeuner dans la station. Celle-ci n’a rien d’extraordinaire si ce n’est des boutiques et des prix « hors-catégorie ». Nous en rigolons (pas encore prêt pour faire un prêt pour me payer une montre à titre perso ! 😎) et finissons dans un Kebab local. (qui propose de bons falafels)
On reprend le train, un vrai « shuttle » cette fois-ci, revenons à Täsch, reprenons la voiture et finissons par boire une bière dans le centre-ville de Martigny !
Un grand merci à Julien d’avoir inspiré cette sortie ! Et à Denys et à Sam pour nous avoir accompagné voir entrainé !
Ce périple représente une sacrée « bavante » à ne pas sous-estimer. Expérience haute-montagne exigée et acclimatation – très – appréciée.
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